Etape 2 - Pisco - San Juan De Marcona - Ça se corse

Bonjour la silice qui s'infiltre partout, le bivouac est sur le sable ! J'ai entrouvert la tente pour la nuit, pas une excellente idée : sur le téléphone, dans le sac, entre les dents, entre les doigts de pieds, dans les f... Pas bien grave, il est temps de commencer à replier et ranger tout cela, après une toilette express.

Le camion malle part à 6 heures, il ne faut pas traîner.

Le bivouac à l'aube - un peu plus tard - ne pas traîner pour ranger les affaires - sacs en godet, pratique - le camion Malle n'attend pas - Pela Renet donne ses conseils à Pablo Quintanilla - départ imminent - certains sont très concentrés

Aujourd'hui, les voitures partent devant, les camions après nous, je démarre à 9h34, départ de la spéciale 7 km après, donc très vite dans le vif du sujet.

Spéciale assez variée. J'ai redécouvert le fesh-fesh, ce sable farineux. Tu arrives dedans, c'est comme dans l'eau, il s'infiltre dans les bottes, te ralentit brusquement, de grâce pas de gros caillou au fond sinon gros danger à bonne allure. Je m'en sors sans encombre, avec une relative prudence.

Viennent des séries de dunes. Le sable n'est pas trop mou et accroche relativement bien.

Sur le résumé de l'étape d'hier, je vous expliquais comment négocier le sommet de la dune, façon prof à qui on ne la fait pas. Et bien, j'ai oublié, au moins un instant, la leçon, la roue avant se plante à la réception d'une belle dune cassée, pif paf, je passe par dessus le guidon, roulé boulé dans le sable, sans gravité, la moto vole à côté de moi. Je me relève, constate que la moto est, en apparence, intacte, moi aussi.

Au départ de la spéciale - dans les dunes - au sommet - parfois des enchaînements très techniques

Reparti, des dunes je vais en avoir, en goûter un bon paquet, n'en jetez plus la coupe est pleine! Attention Fred, bien rester concentré.

avant ma gamelle n°1 - les dunes vous tendent les bras

Concentré, il le faut, les indications du roadbook ne signalent pas tous les dangers ce qui est déroutant et, parfois, périlleux, donc être hyper vigilant en plus de la navigation bien sûr, prudent aussi car ce rouleau de papier ne me semble pas digne de confiance aveugle.

Les top Pro, un trou même assez profond, une saignée, une bonne bosse, ils balancent du gaz un maximum et passent, décollent, volent, atterrissent avec une apparente et déconcertante facilité,  l'amateur lui s'y plante net à ce jeu là. Ma technique s'améliore, ma vitesse aussi, ma moto me convient, de là à faire un Dakar en roue arrière, non merci !

Prendre confiance tout en restant suffisamment prudent, garder un bon rythme sans baisser de régime tout en maintenant une possibilité d'anticipation, l’œil aussi sur le roadbook, l'étalonnage du compteur de la moto avec ce dernier, le cap, tout cela constitue le cocktail du rallye raideur.

Les Pros sont impressionnants, leur vitesse est hallucinante, bien sûr ils prennent des risques et se blessent souvent, très durement pour certains. A 170 km/heure avec leur moto rallye et/ou usine, tomber est extrêmement dangereux, de ce point de vue je suis protégé, ma Katoche est loin d'atteindre cette vitesse, question de conception, de transmissions, c'est une enduro stock avec un kit rallye ce qui est très différent. 

Barreda qui s'envole

Côté navigation, tout s'est plutôt bien passé sur cette spéciale, j'ai bien perdu un peu de temps pour trouver certains waypoints, mais, franchement, assez satisfait. 

Des zones de pistes caillouteuses assez glissantes pour changer des dunes, assez compliquées finalement question pilotage. 

Je cherche un waypoint (WP) assez coriace,  fais demi-tour, accélère trop fort avant d'être complètement en ligne, le sol est jonché de cailloux ronds et glissants comme les billes de roulements de mon atelier de maintenance préféré et paf, me voilà au sol, pas de mal, la moto ? Ah oui, ce n'est pas que du sable ici, levier d'embrayage tordu, des rayures sur l'écran de roadbook, phare apparemment tordu, rien de très problématique néanmoins. C'est reparti, trouvé ce waypoint assez vite.

Arrêt au ravitaillement du WP6, passer le CP2 au même endroit après 17h30 est synonyme d'exclusion, pas un problème, c'est dans plus de 2 heures ! Après le ravitaillement, il était d'ailleurs temps, mes 5 litres d'eau sont épuisés, je me penche sur la moto, le réservoir arrière ne transmet pas à l'avant, comme si un phénomène de dépression l'en empêche, plus quelques bricoles, perdu 20 minutes quand même, il faudra résoudre ce problème ce soir, je ne suis d'ailleurs pas le seul concerné manifestement. Le pneu arrière, le patin de chaîne du bras oscillant accusent une usure prononcée.

Du monde à ce WP comme un peu partout ici.

quelques photos au CP2

Viennent ensuite des zones plus sableuses, les voitures nous précédent ne se sont pas gênées pour défoncer le terrain avec de belles ornières, bonjour le guidonnage dans ces portions, donc attention.

A 30 km de la fin de la spéciale, De Rooy me rattrape, aidé par sa vitesse de pointe sur les grands bouts droits, le guidonnage, lui, n'en a cure avec son camion molosse ultra puissant. Il passe sur le côté gauche pensant trouver là le WP convoité, je me dis que, non, pas logique, la vérité est de l'autre côté, j'avais raison, petite satisfaction au passage.

Tu sens cela derrière toi, tu te gares ! - L'Iveco de De Rooy

La descente vers le finish et la mer est superbe avec la joie de terminer cette spéciale, quel plaisir ! De bons échanges à l'arrivée avec pilotes et l'organisation.

Reste 212 km de liaison. Arrivé à 20h00. je m'aperçois que je me suis pris 6 excès de vitesse ! Horreur !!! Je n'ai pas entendu les bips émis par le GPS Tripty qui prévient en cas de dépassement, à cause de la musique. Andouille ! Erreur de débutant. Coup d’œil sur le règlement : ne prévoit pas de pénalités de temps mais amendes, je plaidrai mon cas, j'espère que les écarts de vitesse auront été raisonnables, à voir donc.

 Se restaurer, faire la mécanique, dans quel ordre on ne sait à l’avance, le briefing. Là, ce fut mécanique à 21h30, couché à 1h20, levé à 5h00, une journée bien remplie comme on dit. Je pense avoir solutionné le problème du réservoir arrière, à voir demain.

3h40 de sommeil, je retrouve mes marques de l'Africa Eco Race.

Demain, direction Arequipa, 321 km de spéciale avec des portions de dunes et de passages annoncés hard, grosse liaison de 467 km. Départ vers 6h30.

J'espère que vous allez bien les amis, vos encouragements me portent.

devant le Pacifique - idem - le bonheur sur la plage - repos avant la liaison - ravitaillement aussi pour Titine - Le vainqueur moto du jour, Matthias Walkner - Loeb satisfait de son coup - chez Mini, c'est un peu plus la grimace ce soir